12 novembre 2017
La Lettre de Patrick LE HYARIC - 12 Novembre 2017
Bonjour à chacune et à chacun d'entre vous,
J'ai consacré cette semaine l'éditorial de l'Humanité Dimanche à la situation en Espagne et en Catalogne en critiquant vertement la complicité des institutions européennes avec le gouvernement Espagnol qui bafoue allègrement toutes les valeurs que les institutions européennes prétendent défendre. Elles le font à géométrie variable, ce qui ne fait qu'ajouter encore à leur déjà profond discrédit.
Ceci ne fait pas de moi un soutien des dirigeants Catalans, loin de là. Mais le principe qui me guide en toute situation est qu'on ne règle pas des questions politiques par des mesures administratives, de justice et de police. Les forces de transformations sociales en Espagne et en Catalogne et notre amie la Maire de Barcelone ont une attitude juste. http://patrick-le-hyaric.fr/catalogne-europe-2/
Paradise Papers
Cette semaine, alors que nous célébrions l'anniversaire du déclenchement de la révolution d'Octobre 1917, le capitalisme mondialisé montrait une nouvelle fois cette facette noire de son visage balafré : les puissants et les transnationales se soustraient à leur devoir de reverser au pot commun leur dû sous forme d'impôts. Après les séries de révélations d'existence des paradis fiscaux ces dernières années, une nouvelle fois un consortium de médias a révélé ce qu'ils ont baptisé les « Paradise Papers ».
Un économiste évalue à 40% les profits qui échappent à l'impôt, pendant que le secours catholique, après le secours populaire, confirmait la montée de la pauvreté dans notre société. C'est la démocratie que les puissants de la nouvelle oligarchie assassine. En effet, les deux piliers essentiels du contrat démocratique sont l'égalité devant la loi et l'égalité devant l'impôt. Un grand combat populaire devrait être initié autour de ces enjeux. Nos amis Alain et Eric Bocquet ont déjà produit un énorme travail autour de ces questions. Moi-même je suis membre de la commission d'enquête sur les Panama Papers. J'y reviendrai
100 ans de la révolution d'Octobre 1917
S'agissant d'Octobre 1917, on a assisté à un refus d'informations contradictoires, de débats à son sujet. Certes, on a ressorti au Figaro et ailleurs les vieux poncifs selon lesquels le stalinisme était contenu dans l'action de Lénine et même dans les œuvres de Karl Marx. Je ne peux que conseiller vivement la lecture du dernier livre de Lucien Sève « Octobre 1917 : une lecture très critique de l'historiographie dominante » suivi de textes de Lénine, aux Éditions sociales. Il faut remercier Lucien Sève pour ce livre très documenté, précis et d'une grande utilité.
L'Humanité a publié un hors-série également très documenté et utile à lire. Je conseille aussi de lire la tribune de Paul Ariès publiée dans l'Humanité de jeudi dernier, ainsi qu'un dossier dans l'Humanité de lundi dernier avec un bel article d'un connaisseur : Jean-Paul Piérot. Même si à mon sens le léninisme n'est pas opérant pour aujourd'hui, lire, étudier et comprendre Lénine est plein d'enseignements pour n'importe quel militant qui se réclame du progressisme, au lieu de tout jeter comme cela se fait trop souvent.
Un puissant paradoxe est en train de naître sous nos yeux : au cœur d'un capitalisme ultra-dominant sont en train d'émerger des mouvements mondiaux dans le prolongement et dépassant les grands forums sociaux internationaux des vingt dernières années. C'est ce que disent ces mouvements internationaux contre les paradis fiscaux, les mouvements pour l'écologie et la défense de la planète, les mouvements pour le respect des femmes et l'égalité et d'autres encore.
En ce sens, le forum européen qui s'est tenu à Marseille cette fin de semaine à l'initiative unitaire européenne et initiée par le Parti communiste est très important.
Hommage à Antoine Casanova
J'ai participé jeudi dernier à un bel hommage à notre ami et camarade Antoine Casanova à la mairie de Versailles où il fut élu. Le maire et l'ancien maire, Étienne Pinte, présidaient cette cérémonie. Je mets à votre disposition le texte de ce que j'y ai dis. http://patrick-le-hyaric.fr/discours-en-hommage-a-antoine...
Démolitions d'équipements par l'armée israélienne
La Haute représentante pour l'Union Européenne m'a donné raison dans une réponse à la question que je lui avais posée à la fin de l'été à propos de la destruction d'écoles et de panneaux solaires Palestiniens par l'armée israélienne. Mme Moghérini fait valoir à juste titre que ces destructions constituent « des obstacles à une solution fondée sur deux Etats ».
Elle informe de la valeur des destructions engendrées depuis 2014 par l'action illégale des autorités israéliennes s'élevant à 1.156.129 euros soit le double de l'année 2016. L'Union européenne doit demander à Israël de rembourser ces sommes. http://www.patrick-le-hyaric.eu/israel-demolitions/
Glyphosate : l'opinion des peuples peut être entendue
À la suite d'un vote du Parlement européen le 24 octobre dernier, la Commission européenne avait dû reculer à deux reprises. Elle était passée de la proposition d'un renouvellement de la licence d'exploitation de cet herbicide de 15 ans à 10 ans, puis elle avait dû concéder 5 ans.
D'autre part, elle restait floue sur une question importante : celui de l'interdiction au terme des 5 ans ou du … renouvellement de la licence au terme de cette période. Or il faut obtenir une décision de sortie et non une durée au terme de laquelle on se réengagerait dans une négociation pour un renouvellement.
Ce jeudi 9 novembre, le Conseil des ministres européen n'a pas pu trouver un accord faute de majorité. En effet, il faut une majorité dite « qualifiée » c'est à dire que 55% des États membres représentant au moins 65% de la population de l'Union doivent approuver. Ce n'est pas le cas puisqu'il n'y a, selon ce mode de calcul, que 37% des voix. La France a voté contre la proposition.
Autrement dit il n'y a pas d'adhésion dans l'Union européenne pour autoriser la poursuite de la fabrication et la vente du Glyphosate jugé comme « cancérigène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer. C'est la huitième fois que les institutions européennes sont dans l'obligation d'ajourner leur décision.
En toute chose le débat, la confrontation démocratique est nécessaire, y compris entre journaux. Mais, le cadre du débat démocratique est allègrement franchi par les mises en accusation violentes du directeur de Mediapart Edwy Plenel. Autant il est sain, normal, voire essentiel de confronter des jugements raisonnés sur les positions des uns et des autres dans le débat public, autant rien ne justifie la violence des attaques qu'il a à subir, notamment celles, infamantes, d'avoir couvert des viols ou d'être un agent du terrorisme islamique.
La tentative de discréditer des oppositions par de tels arguments outranciers et calomniateurs porte un lourd préjudice au débat public, déjà bien grevé par les postures, polémiques stériles et les bavardages qui ne sont qu'un miel couvrant les spasmes d'un système producteur d'inégalités, destructeur des biens communs, menaçant pour la planète et fauteur de guerres.
Je rajoute concernant cette affaire que les prises de positions de Edwy Plenel et les contacts, somme toute relatifs et critiques, qu'il a pris avec M. Ramadan s'inscrivent dans le nécessaire combat antiraciste. En discuter l'opportunité et les modalités est indispensable. Mais lui porter le discrédit par des coups bas, inacceptable. http://patrick-le-hyaric.fr/le-debat-oui-le-discredit-non/
Restant à votre disposition, je vous souhaite une bonne semaine.
Fraternellement,
Patrick Le Hyaric
06 novembre 2017
Les "Paradise Papers" - Éric Bocquet, Sénateur communiste du Nord à France Info
Les "Paradise Papers" ne révèlent pas un "dysfonctionnement", ils sont au contraire le "cœur" du "système libéral mondialisé, financiarisé, dérégulé, de la machine finance qui veut accumuler, et surtout ne pas participer à la solidarité et au fonctionnement des sociétés et des États", a estimé Éric Bocquet, sénateur communiste du Nord, lundi 6 novembre sur France Info.
Le parlementaire est l'auteur avec son frère Alain Bocquet de Sans domicile fisc. En 2012, il a travaillé pour la Commission d'enquête sur l'évasion des capitaux et des actifs hors de France et ses incidences fiscales, dont il était le rapporteur.
Un système "très sophistiqué"
Éric Bocquet insiste sur le caractère "systémique" de l'évasion fiscale, qui se cache selon lui derrière les exemples de personnalités publiques et politiques épinglées par ces révélations : "On dit : 'Je veux optimiser ma charge fiscale', c'est l'expression politiquement correcte. Et des gens sont là pour aider. Il y a des banques, il y a des cabinets d'audit et de conseil, des avocats fiscalistes, tout un système très sophistiqué. Ces gens ont décidé un jour de jouer ce jeu-là".
Les États ont renoncé à leur pouvoir politique. Il n'y a que l'État qui peut lever l'impôt dans le monde, et ça, c'est insupportable pour les multinationales. Elles veulent gérer le monde en direct. Les États doivent reprendre la main pour construire des sociétés civilisées;
Le sénateur réfute l'idée - portée notamment par l'OCDE - que des progrès spectaculaires ont été faits pour lutter contre l'évasion fiscale depuis la crise financière de 2008 : "Je salue le travail technique de l'OCDE, mais il manque la volonté politique des décideurs d'appliquer les recommandations. Comment expliquer que les Bermudes, dont il est question dans les "Paradise Papers", ont été retirées de la liste française des paradis fiscaux depuis janvier 2014 ? Il y a bien eu un ministre ou un président qui a décidé ça !"
04 novembre 2017
La Lettre de Patrick LE HYARIC - 4 Novembre 2017
Bonjour à chacune et à chacun d'entre vous,
J'ai consacré mon éditorial de l'Humanité Dimanche à un enjeu trop sous-estimé dans les batailles politiques et sociales de l'heure. Nos députés et nos sénateurs ont fait et font beaucoup dans le cadre du débat parlementaire sur le budget de la sécurité sociale mais ceci devrait devenir un enjeu populaire. Les principes qui ont conduit à la mise en place de la sécurité sociale et qui ont été reniés à de multiples reprises depuis sa création, sont maintenant bafoués avec une force nouvelle.
Ceci est sous-tendu par une formidable bataille à la fois dans les discours selon lesquels nos concitoyens se soigneraient trop, et celle de longue portée contre « les cotisations sociales ». Pourtant ces cotisations sont essentielles, elles représentent le salaire indirect dont on dispose lorsque survient un accident de la vie ou lors de la retraite.
Une obscure vice-présidente du parti de M. Madelin a d'ailleurs dit tout haut la semaine dernière ce qui se murmure dans les diners où se retrouvent les maitres de l'oligarchie : « la sécurité sociale est un vestige communiste qui date de 1945 ». C'est l'hommage du vice à la vertu. Raison de plus pour expliquer sans cesse ce qu'il y a au fondement de la sécurité sociale d'Ambroise Croizat : la solidarité pour « mettre fin à l'obsession de la misère ».
http://patrick-le-hyaric.fr/securite-sociale-humanisme/
Agressions sexuelles, la parole se libère
Une révolution est sans doute à l'œuvre avec la parole que prennent partout les femmes victimes d'agressions, de violences sexuelles, de propos sexistes ou d'intimidations diverses, au travail ou ailleurs. La peur recule et c'est une belle nouvelle. Elle provoque un souffle tel que des barrières, des murs, des silences s'écroulent. Ce mouvement doit être soutenu et porter jusqu'au bout, jusqu'à la conquête intégrale de l'égalité entre les femmes et les hommes.
Partout désormais le débat vit et parcourt les rues, les cités, les usines et les bureaux, y compris ceux des ministères et des pouvoirs. Il ne faut pas le laisser s'éteindre. Au contraire, il faut souffler sur ses braises.
Catalogne, sortir du piège
La situation en Catalogne et en Espagne occupe une grande place dans l'actualité. A partir de ce qui s'y passe, des questions, des interrogations nouvelles existent dans un pays au passé si meurtri. Là encore, la prise de recul est indispensable, tout comme l'étude de l'Histoire et de la géographie. Il faut encourager à comprendre les événements et les attitudes des uns et des autres. Le regard sur l'avenir doit être à nouveau aiguisé pour sortir d'une vision manichéenne consistant soit à soutenir le pouvoir autoritaire de Madrid soit celui de la Generalitat avec sa déclaration unilatérale d'indépendance.
La question de la République doit être posée avec force pour aller plus loin que le compromis de la Constitution de 1978, afin de progresser vers une république espagnole, celles des droits économiques et sociaux des travailleurs à retrouver, à reconquérir, dans un pays qui a tant souffert des politiques d'austérité mises en œuvre sous l'égide de la droite et des socialistes en alliance avec les institutions de l'Union Européenne.
L'enjeu d'un nouveau cadre constitutionnel permettant un saut qualitatif vers une démocratie de participation, permettant à la population espagnole d'être maitre de son destin, de tout ce qui concerne la question sociale, le travail, l'organisation territoriale, une constitution garantissant dans les faits les droits au logement, au travail, à la santé, à l'éducation, les droits des femmes, et comprenant le droit à une autonomie élargie.
Celle-ci ne sera rien tant que la politique locale est assujettie aux orientations des institutions européennes, et au traité européen tel qu'ils sont mis en œuvre. Ne pas discuter de ces enjeux, c'est laisser les populations en Catalogne, en Espagne et ailleurs dans des illusions ou des luttes pouvant conduire à de douloureuses impasses. Ce débat n'est pas anodin. Il faut le mener.
POINT DE VUE - Une mise en application autoritaire du CETA
http://patrick-le-hyaric.fr/ceta-referendum/
watch?v=-6yID-GeeE0&feature=youtu.be