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17 avril 2014

Conseil Régional - Formation Emploi - SESSION 17 AVRIL 2014

Intervention de Michel FRADET

Monsieur le Président, chers collègues,

Je retiens de votre rapport, Mr le Président, plusieurs énoncés intéressants à commencer par l’industrie qui, en Région Centre, nous place au 6ème rang des régions françaises.

Une vitalité industrielle qui reste opérante, dites-vous, malgré les aléas de la crise, source d’affaiblissement de certains secteurs d’activité et de précarisation de bassins de vie.

Cette bonne place nous la devons à toute une série de dispositions marquant une volonté d’avancer.On ne peut que s’en féliciter.

Cependant, là où je suis plus réservé sur votre optimisme, c’est lorsque vous estimez que « la reprise semble être à notre portée » et que des signes en témoigneraient malgré - précisez-vous un chômage de niveau élevé.

Que des signes se manifestent, peut-être, mais pas suffisamment  pour nous rassurer sur les conditions à remplir pour assurer une véritable reprise.Ceci pour une raison simple : l’austérité devenue méthode de gouvernance n’est pas, à mon avis, la meilleure façon de relancer l’activité économique et sociale.

J’oserais même dire que ce n’est pas, dans de telles conditions qu’une action soutenue, aussi souhaitable soit - elle en matière de formation et de qualification professionnelle, qui permettra à elle seule de sortir notre économie de l’ornière.

En effet, comment soutenir l’idée de la mise en œuvre de nouveaux dispositifs de gestion prévisionnelle de l’emploi quand, dans le même temps, nous observons le haut niveau d’irresponsabilité dont font preuve, dans ce domaine, plusieurs grandes entreprises régionales.

Je lis dans le rapport qu’en « 2014 et 2015 la Région Centre intensifiera ces actions de formation dans les entreprises qui connaissent des périodes de fragilisation extrême et renforcera sa réactivité pour faire de ces passages économiques difficiles une opportunité pour les salariés les plus éloignés de la formation de se former ».

Je ne conteste pas la nécessité d’actions de formation en réaction à des passages économiques difficiles.

Par contre je m’interroge sur le fait que ce type d’action intervient en aval de situations crées à partir de stratégies d’entreprises où le problème de l’emploi n’a plus rien de prioritaire.

C’est insupportable pour les salariés et dommageable pour notre collectivité qui consent de réels efforts en la matière.

On nous annonce qu’en 2015 la Région ouvrira près de 10 000 places de formation pour un montant de plus de 40 Millions d’euros.Cela devrait permettre aux demandeurs d’emplois de s’orienter et de construire leur projet d’emploi, de développer leur compétence de qualification.

L’idée est intéressante, l’effort louable, mais néanmoins sujet à débat.

En effet, cette mesure masque une situation où l’emploi  est devenu à bien des égards une variable d’ajustement économique.

J’en veux pour preuve la préoccupante situation de bon nombre d’entreprises du département de l’Indre avec les conséquences que l’on sait pour leur personnel.

Bien des économistes le constatent : la gouvernance des entreprises est de plus en plus soumise à l’exigence de la valeur par les actionnaires.

Cet élément allié à la croissance par cessions- fusions -acquisitions guide la marche de l’économie et son lot de restructurations.

A Châteauroux cela se concrétise par la vente de PGA, celle d’Arques, la cession d’Area Franceram, devenu Groupe Céramique de France.

Ce sont également des groupes de taille multinationale  qui procède à des réductions d'effectifs comme chez l'autrichien Andritz, dont pourtant le chiffre d’affaires est en hausse ou encore l'italien SOGEFI qui après avoir acheté Mark IV (pour 150 millions d'euros) à seule fin de doper sa croissance à l'international en vient à réduire le nombre de ses salariés particulièrement à Châteauroux.Une mesure peu justifiée si l’on s’en tient au contrat que SOGEFI vient de décrocher auprès de PSA pour la fourniture de plusieurs composants destinés aux nouveaux blocs Diesel du groupe automobile.

Je ne saurais clore cette énumération sans citer le cas de F2R, qui par-delà l’épisode juridico financier ayant entrainé la mise en examen de son directeur financier, cache j’en ai bien peur, une véritable stratégie de choc remettant en cause le maintien du site castelroussin.C'est tellement plausible qu'à la suite de l'émotion causée, en son temps, par le transfert d'une partie des moyens de production en Inde et après s'être fendu de grandiloquentes promesses à propos d'un éventuel investissement, le PDG  (M.Gupta) semble à ce jour bien plus intéressé par sa nouvelle usine de Chennai - dans le sud de l’Indre-que par son site castelroussin.

Chennai où d'ailleurs Renault - Nissan, principal donneur d'ordre de F2R, vient d'implanter une nouvelle usine de montage.

Le malheur, c’est que pareil comportement abouti à la mise en redressement judiciaire de l’entreprise castelroussine qui entretemps a vu ses effectifs fondre pour passer de 460 salariés lors de sa cession en 2010 à 383 actuellement.

Aussi et pour conclure, je pense qu'en matière de gestion prévisionnelle de l'emploi et des actions prévues en matière de formation professionnelle il est souhaitable d'inciter, d'introduire, de développer, la notion touchant à la responsabilité sociale de l’entreprise, y compris en matière de formation.

Car l'action soutenue, aussi louable soit elle en matière de formation, déqualification de notre collectivité, ne permettra pas á elle seule la relance du développement économique, de l'emploi.

Poser cette question de la responsabilité sociale de l'entreprise, cest aussi le meilleurmoyen d’assurer selon l’expression employée « une vitalité industrielle opérante ».

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