20 juin 2016
Contre l'insécurité sociale, une vraie loi travail ! Patrick LE HYARIC
Nous avons donc raison ! La semaine dernière, trois économistes du département de la recherche du Fonds Monétaire International ont sévèrement contesté les purges néolibérales à l’œuvre depuis la fin des années 80. L’ouverture des marchés de capitaux, disent-ils, ont considérablement augmenté les risques de crise financière au lieu de les diminuer. Les politiques d’austérité ont comprimé la demande et freiné l’activité. Bref, elles ont provoqué une insécurité économique et sociale.
Dans la foulée, un rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques s’alarme de la montée des inégalités et incrimine une politique démesurément obsédée par « la baisse du coût du travail », c’est à dire par la pressurisation des salaires.
Leurs mots sont choisis, soupesés, pour acter la défaite d’une stratégie de destruction des modèles sociaux qui laisse libre court à la terrible « main invisible » du marché…capitaliste. Les mouvements sociaux qui ébranlent les pays européens et singulièrement la France, auront fini de persuader ces apprentis sorciers à la fois de l’inefficacité économique des mesures imposées et des risques que fait courir leur cruauté sociale. Les économistes du Fonds Monétaire international donnent un nom au système qu’ils critiquent : Le néo-libéralisme. C’est nouveau de leur part !
Le gouvernement devrait donc d’urgence tirer les leçons des impasses meurtrières de l’austérité et des déréglementations. En organisant un meeting pour critiquer les amendements de la droite sénatoriale à la loi de précarisation du travail, il ne rend pas plus présentable et acceptable son propre projet. Plus vite le pouvoir tournera le dos à cette doxa néolibérale inscrite dans tous les textes de recommandations des institutions européennes, mieux cela vaudra pour tout le monde et pour le pays.
Dans ses dernières recommandations toxiques, la Commission de Bruxelles appelle sans ambages à « donner plus de latitude aux entreprises pour adapter les salaires et le temps de travail à leur situation économique ». Elle souhaite également que « les dérogations par rapport aux accords de branche et aux dispositions légales générales sur l’emploi [soient] facilitées à travers la signature d’accords d’entreprise. » C’est toute la philosophie de l’article 2 de la loi Valls qui a été traduite de la novlangue bruxelloise contaminée par les certitudes néolibérales.
Les intérêts protégés du capital par des institutions politiques et financières, la conception d’un monde régit par les bourses et ceux qui en détiennent les cordons, empêchent nos sociétés de se projeter dans un projet moderne en accord avec les métamorphoses de notre époque qui demandent des citoyens et des travailleurs toujours mieux formés et mieux rémunérés.
La Lettre de Patrick LE HYARIC
Bonjour à toutes et à tous,
La semaine ressemble à un tournant avec à la fois la puissance de la manifestation contre la loi de précarisation du travail et de la dérive autoritaire du pouvoir qui non seulement n’écoute rien mais va jusqu'à menacer d’interdire les manifestations syndicales. Curieux que des socialistes puissent reprendre une proposition faite par la cheftaine de l’extrême droite il y a plusieurs semaines. On retrouve cet autoritarisme sur de nombreux sujets. Ainsi mon ami Azzedine Taïbi, Maire et conseiller départemental de Stains, était convoqué cette semaine devant le tribunal administratif de Montreuil, parce que l’Etat lui reproche d’avoir installé sur le fronton de la Mairie une banderole réclamant la libération de Marwan Barghouti. Ceux qui hier installaient des calicots pour demander, à juste titre, la libération du soldat Shalit étaient dans le droit. Mais un conseil municipal qui se range du côté de la justice et du droit international est en faute !! Mais qu’est devenue notre République? De mêmes raisonnements étaient tenus hier à propos de Nelson Mandela dont tout le monde se réclame aujourd’hui. Mais il est utile de lire ce qui s’écrivait à l’époque quand Georges Marchais décida d’en faire un grand combat national et international pour la liberté. Nous y reviendrons. Une manifestation de soutien a eu lieu devant le tribunal mardi matin avec des habitants de Stains, des défenseurs des droits humains, les militants du parti communiste et des responsables associatifs pour signifier que nous n’étions pas prêts à laisser faire.
Cette semaine l’Humanité Dimanche montre qu’un chemin existe pour élaborer une « vraie loi travail ». Ce document de synthèse pour le débat est travaillé à partir des propositions du parti communiste dont les parlementaires sont en situation de proposer une autre loi (Projet disponible sur le site de la revue économie et politique) de juristes qui travaillent depuis plusieurs semaines, de la CGT, et d’autres syndicats et chercheurs. Mon éditorial de l’Humanité Dimanche y est consacré.
La semaine a malheureusement été marquée par les drames des policiers assassinés par un fanatique intégriste à Magnanville et par l’assassinat politique d’une députée travailliste que j’ai connu lorsqu’elle était assistante parlementaire du groupe socialiste au Parlement européen. Je pense à leurs familles, aux enfants. Il est insupportable que l'on s’en prenne ainsi à des policiers qui sont des protecteurs des biens et des personnes. Ce couple a été assassiné parce qu’ils étaient policiers représentants de l’Etat. Il ne faut pas laisser faire. De même faut-il que l’intolérance soit si forte pour qu’on tue de sang froid une parlementaire en campagne électorale en vue du référendum au Royaume Uni. Il ne faut pas exclure que dans les deux cas des campagnes bêtes et ignobles arment le bras des assassins.
Comme depuis plusieurs semaines j’ai dû batailler dur toute la semaine pour la préservation de l’Humanité. Ce travail nécessite beaucoup de discrétion. Mais la bataille que nous menons est rude. Elle se mène désormais au jour le jour. Des inquiétudes existent dans certains cercles y compris parmi celles et ceux qui travaillent à l’Humanité. Rien de plus normal ! Mais le pire serait de ne pas s’en tenir à notre programme de travail, à nos initiatives visant a élargir encore la souscription, le développement des abonnements et de la lecture du journal en élargissant le nombre de celles et de ceux qui pourraient se retrouver dans un journal de la transformation sociale et écologique et l’impulsion de la préparation de la fête de l’Humanité. Tout ceci nécessite une grande mobilisation militante et citoyenne. En effet ce combat concerne très largement la société, sa démocratie, sa capacité à inventer des solutions neuves pour l’avenir.
Je vous souhaite une très bonne semaine,
Restant à votre disposition
Fraternellement,
Patrick Le Hyaric
Pour me contacter :
L'Humanité-Secrétariat du directeur, 5 rue Pleyel, Immeuble Calliope, 93200 Saint-Denis
> contact.patricklehyaric@gmail.com
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19 juin 2016
Interdiction de manifester: “Les déclarations de Valls et Hollande marquent une rupture avec le droit constitutionnel”
Spécialiste des mouvements sociaux, Danielle Tartakowsky, professeur d’histoire contemporaine et présidente de l’université Paris 8, auteure avec Olivier Fillieule de La Manifestation (Presses de Sciences Po,2013), analyse le mouvement contre la “loi travail”, et les menaces proférées par François Hollande sur les autorisations à manifester.
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